Événements climatiques extrêmes, effondrement des écosystèmes, raréfaction des ressources naturelles et perte de biodiversité : ces mots-clés ne sont pas les scénarios d'horreur d'une organisation environnementale, mais le classement du WEF des plus grands risques pour la société et l'économie.
Le World Economic Forum WEF établit ce classement chaque année sur la base d'enquêtes menées auprès des acteurs économiques. Dans une perspective de dix ans, les quatre risques susmentionnés se retrouvent aux places 1 à 4. Ce n'est qu'en queue de peloton que l'on trouve des risques sociaux ou sociétaux tels que les effets involontaires de l'intelligence artificielle, la migration involontaire ou la polarisation sociale.
Même si nous nous concentrons actuellement sur la lutte contre le changement climatique : Les modifications massives de nos écosystèmes - l'abattage et le brûlage à grande échelle des forêts tropicales, la surpêche dans les mers, la pollution des eaux et la propagation d'espèces invasives - menacent fondamentalement notre économie. Ce n'est pas étonnant, car près de la moitié de la production économique mondiale - 44 billions de dollars US - dépend d'une nature intacte.
De nombreux secteurs économiques sont touchés
Pour l'agriculture, la sylviculture et l'industrie alimentaire qui en découle, les dépendances sont évidentes, tout comme pour la pêche : leurs produits reposent directement sur le bien-être de la nature. Mais de nombreux autres secteurs dépendent d'un environnement fonctionnel.
L'industrie pharmaceutique, par exemple, a besoin d'une multitude de substances naturelles pour la fabrication de médicaments et de cosmétiques. Le tourisme n'est pas non plus envisageable sans une nature intacte. Et, « last but not least », l'eau est une matière première indispensable pour de nombreuses entreprises, car elle est nécessaire à de nombreux processus.
Pour beaucoup d’entreprises, il est aujourd'hui naturel de s'occuper des questions environnementales (épuration des eaux usées, protection de l'air, utilisation de l'énergie, protection du climat). Elles ont maintenant besoin d'une expertise supplémentaire, car elles devront à l'avenir s'occuper davantage de la protection de leurs bases de production naturelles.
Cela risque d'être encore plus épineux que la protection du climat, et ce pour deux raisons :
Premièrement, en ce qui concerne le climat, l'orientation est claire : il faut renoncer à la combustion de matières fossiles. Cela permet d'éviter une grande partie des émissions ayant un impact sur le climat. La protection de la biodiversité, en revanche, est plus complexe et à plus petite échelle : il s'agit des forêts tropicales de Sumatra, des zones de pêche au large de Madagascar, de la continuité des cours d'eau en Suisse ou de la préservation de la fertilité des sols en Espagne.
Deuxièmement, en matière de protection du climat, nous disposons d'un énorme réservoir d'approches technologiques, notamment de formes de production d'énergie qui ont moins d'impact sur l'environnement qu'aujourd'hui, à condition que nous les utilisions de manière réfléchie. Cela permet de développer des domaines d'activité intéressants. Il en va autrement de la biodiversité. La mesure de protection la plus efficace est de "ne pas toucher". Le mieux est de laisser les surfaces précieuses intactes. C'est bien connu, l'homme a du mal à faire cela.
De la gravière à l'Amazonie en passant par le pâturage des vaches
Il faut donc commencer par une analyse : où mon entreprise contribue-t-elle le plus à la destruction de la biodiversité ?
Pour une entreprise de construction, cela peut être dans la gravière la plus proche ou dans une nouvelle zone de construction, pour un producteur de lait dans le pâturage devant sa maison.
Pour la plupart des entreprises industrielles et de services suisses, le problème principal se situe toutefois chez les fournisseurs à l'étranger. La tâche s'avère donc d'autant plus exigeante.
Le filtre de risque pour la biodiversité (gratuit, en anglais) du WWF offre par exemple une aide. Il montre dans quelles régions du monde les activités des entreprises représentent un risque particulièrement élevé pour la biodiversité. D'autres outils, comme ceux du réseau Science-based-targets, permettent de prendre des mesures contre la perte de biodiversité. L'éventail des mesures possibles est large. Elle dépend du cas concret et va de simples mesures de protection à une réorientation complète de l'activité commerciale.
Ma conclusion : Premièrement, l'économie et les entreprises ont longtemps pensé et espéré que la protection de la biodiversité resterait un sujet pour la science et les pouvoirs publics. Ou alors, elles partaient du principe que les problèmes ne se posaient que loin, quelque part dans les forêts en feu d'Amazonie ou d'Indonésie. Ceux qui pensent encore ainsi aujourd'hui se trompent. Deuxièmement, la protection de la biodiversité nécessite des solutions spécifiques à chaque secteur et à chaque entreprise ; les entreprises doivent encore acquérir l'expertise nécessaire à cet effet.
PS
Protéger ce dont nous avons besoin : tel est le slogan de la votation sur l'initiative pour la biodiversité sur laquelle nous voterons le 22 septembre. L'initiative veut mieux ancrer la protection de nos bases vitales dans la Constitution fédérale. Elle exige que les paysages, les sites construits, les lieux historiques ainsi que les monuments naturels et culturels dignes de protection soient préservés, que la nature, les paysages et le patrimoine bâti soient également ménagés en dehors des objets protégés et que les surfaces, moyens et instruments nécessaires à la sauvegarde et au renforcement de la biodiversité soient mis à disposition. Le WWF et de nombreuses autres organisations recommandent de voter oui.
Le prochain article de blog sera publié en novembre.
Tous les articles de blog précédents : https://www.one-planet-lab-fr.ch/blogetguides
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